Le Thermomix TM7 débarque sur un marché des robots cuiseurs multifonctions sinistré

Dévoilé en février et commercialisé en avril de cette année, le Thermomix TM7 de Vorwerk débarque sur un marché des robots cuiseurs multifonctions en guenille. En effet les chiffres ne sont pas bons.

Selon des données fournies à Labo Maison par NielsenIQ/GFK, il recule tant en valeur qu’en volume de respectivement de 27 % et de 30 % en 2024. Les chiffres du premier semestre 2025 ne sont guère plus optimistes, avec un recul de l’ordre de 30 %.

Ces chiffres traitent toutefois uniquement des ventes dans les circuits classiques (magasins et en ligne). Elles ne tiennent donc pas compte des ventes du Thermomix TM7 qui elles se font très majoritairement en direct, via des conseillères et des conseillers, façon réunion Tupperware. Difficile donc de savoir si les ventes de Thermomix connaissent le même sort.

Une dynamique Thermomix TM7

Vorwerk, avare en chiffres, a toutefois donné une tendance en juin dernier. Le groupe allemand a effectivement déclaré que près de 300 000 unités du TM7 avaient été commandées depuis le début de sa commercialisation (chiffre comprenant les précommandes). Ce chiffre est global et tient compte de tous les marchés sur lesquels la marque est présente.
On sait également que son prédécesseur, le TM6 s’est écoulé à 8 millions d’exemplaires sur 6 années. Cela donne une idée des ventes moyennes annuelles.
Pour 2025, Vorwerk prévoit que le chiffre d’affaires du segment Thermomix dépassera à lui seul les 2 milliards d’euros, contre 1,7 milliards d’euros en 2024. Le groupe compte bien sur une dynamique TM7…

Un produit star chasse l’autre…

Toujours est-il que la tendance n’est clairement pas au beau fixe sur ce marché. Et cette tendance s’inscrit sur un temps long. « Il y a toujours eu des marchés très porteurs pendant des périodes plus ou moins longues dans le petit électroménager », explique à Labo Maison Laurent Cours, directeur statistiques et études du Gifam. « Il y a eu des appareils qui ont été en vogue : la machine à pain au début des années 2000, les robots pâtissiers dans les années 2010- 2015. À partir de 2015, on a vu une accélération du marché des robots culinaires chauffants. Le pic a été enregistré pendant les années Covid sur toutes les catégories. Mais depuis 2021, ce marché s’inscrit en recul ».

Des produits onéreux

Il faut tout d’abord prendre en compte le prix de ces appareils. Cela démarre en gros autour de 400 € pour les modèles proposés par la grande distribution, comme les Monsieur Cuisine Connect et Monsieur Cuisine Smart de Lidl. Et cela monte jusqu’à 1599 € pour une Thermomix TM7.

D’après les études du Gifam, 29 % des appareils acquis dans la catégorie ont été offerts vs 19 % pour le reste du petit électroménager. Il faut donc intégrer cela dans un contexte de crise du pouvoir d’achat et de forte inflation. Les foyers font des arbitrages et peuvent sacrifier l’équipement de la cuisine.

Un taux d’équipement qui touche avant tout les maisons

Pour autant, seulement 20 % des foyers possèdent un robot cuiseur multifonction. « Il y a encore de la marge », précise Laurent Cours. Le Gifam s’est penché sur ce marché et en a tiré des données assez instructives. Et d’ajouter, « même si le taux d’équipement ne sera jamais de 70 %, il va progresser ».
Surtout que cet équipement touche principalement un type de foyer. Ce sont avant tout les personnes qui vivent en maison qui s’équipent d’un tel appareil. Et d’expliquer cela par son format. « Ce sont des appareils assez imposants. Il faut de la place », explique le directeur des études.

Le fait maison et la cuisine saine

Ce qui pousse notamment les gens à s’équiper, c’est l’envie de cuisiner sainement, le « fait maison ». Cela s’explique notamment par la volonté de manger mieux et moins gras. Mais aussi par la hausse des prix des produits alimentaires. En reprenant la main sur ses recettes, on fait attention au budget. D’où l’importance aussi de renouveler l’offre de recettes liés à son robot. C’est aussi la force du Thermomix avec sa bibliothèque Cookidoo, qui donne accès en France à 10 000 recettes et à plus de 100 000 recettes dans le monde. La concurrence n’arrive pas encore à s’aligner, notamment en raison de l’engagement de la communauté des Thermomix qui surfe sur sur Cookidoo depuis le TM5 maintenant.

L’effet air fryer

Les robots cuiseurs doivent aussi faire face désormais à un redoutable concurrent. l’air fryer ou la friteuse à air pulsé. Il ne s’agit clairement pas de la même expérience. Mais voilà un produit nettement moins cher, moins encombrant, et qui répond également aux envies de cuisine saine et moins grasse.

Ce segment affiche effectivement une croissance annuelle de 140 % en 2024. La fameuse friteuse à air chaud a vu son chiffre d’affaires passer de 20 millions d’euros en 2020 à 271 millions d’euros en 2024. Plus de 2,6 millions d’appareils ont trouvé preneurs. Et ce n’est qu’un début si l’on considère que 27 % des foyers seulement en sont équipés.

Pour en savoir plus, lire : Air fryers, aspirateurs laveurs… Les 5 stars du petit électroménager

Et si les croissances ne sont plus à 3 chiffres au premier semestre 2025, elles affichent encore 2 chiffres. « Nous sommes à 39 % de croissance au premier semestre pour le air fryer », explique le directeur des études du Gifam. « C’est devenu un appareil important de l’univers du petit électroménager. Il ne représentait rien il y a 3 ans », précise le spécialiste du Gifam.

Blenders chauffant, multicuiseurs avec air fryer…

Les robots cuiseurs doivent également faire face à la concurrence des blenders qui deviennent de plus en plus chauffants. Le segment, qui comprend aussi les blenders portables et nomades, très tendance healthy, affiche une croissance de 30 % sur le semestre.

Les multicuiseurs qui cumulent les fonctionnalités deviennent également de vraies alternatives. Le dernier Cookeo Infinity de Moulinex intègre désormais les cuissons air fryer, ce qui constitue un véritable plus.

Pour en savoir plus, lire : Moulinex Cookeo Infinity : le mode air fryer du multicuiseur au banc d’essai

La seconde main, planche de salut

Il faut enfin prendre en compte l’importance grandissante de la seconde main. Si elle n’est pas quantifiée comme il se doit, elle commence à intégrer les logiques des marques. Vorwerk a ainsi ouvert son offre de robots cuiseurs reconditionnés au TM6, après les TM31 et TM5. Cela permet de s’équiper d’un appareil remis en état à moindre frais.

“C’est exactement le genre de catégorie sur laquelle le reconditionné peut faire sens. Ce sont des appareils robustes, inscrits sur la durée”, explique Laurent Cours.

Pour en savoir plus, lire : Les premiers Thermomix TM6 reconditionnés disponibles sur le site de Vorwerk à des prix…

Un Thermomix TM5 reconditionné en très bon état démarre ainsi à 649 €. Et il faut compter jusqu’à 1099 € pour un TM6 reconditionné en très bon état sur le site de Vorwerk. Bosch propose quant à lui son Cookit en seconde vie reconditionné à 749 €, ce qui peut constituer une excellente opportunité.

Le Thermomix TM7 arrive donc sur un terrain plus que glissant. Mais il peut toutefois s’appuyer sur la force de son système de vente, et l’effet communautaire qui en découle. S’acheter un Vorwerk, c’est un peu comme entrer dans un club privé. Mais le ticket d’entrée est de plus en plus cher. Et les expériences culinaires évoluent. L’intégration de l’intelligence artificielle pour générer des recettes devrait sans doute permettre d’y répondre en partie…