Dreame a bâti son succès sur ses aspirateurs robots au rapport qualité-prix redoutable. Mais la marque chinoise prépare une offensive pour conquérir tout votre foyer. Toute la stratégie s’articule autour d’un smartphone inédit comme porte d’entrée.
Longtemps associée aux aspirateurs robots haut de gamme, Dreame accélère sa mue. La marque chinoise ne se contente plus de nettoyer nos sols : elle ambitionne désormais de s’imposer comme un acteur global de la maison connectée, avec une stratégie claire : placer le smartphone au cœur de l’écosystème domestique.
Téléviseurs mini-LED, vidéoprojecteurs laser, barres de son Dolby Atmos, climatiseurs, appareils de cuisine… et désormais un smartphone Dreame pensé comme une télécommande universelle. Une rupture stratégique majeure pour un constructeur historiquement spécialisé dans l’entretien de la maison.

Le Dreame E1, première pierre d’un écosystème piloté depuis le smartphone
Cette nouvelle orientation se concrétise avec l’apparition du Dreame E1, récemment repéré en Europe. Le smartphone est référencé sous le numéro de modèle W5110 dans le registre EPREL, dédié à l’étiquetage énergétique, et son manuel d’utilisation a également fuité.
Le Dreame E1 embarquerait :
- un écran AMOLED de 6,67 pouces ;
- un capteur principal de 108 mégapixels, épaulé par un module macro de 2 MP et un capteur de profondeur de 2 MP ;
- une caméra frontale de 50 mégapixels ;
- une batterie de 5 000 mAh, annoncée à 54 h 35 d’autonomie selon l’étiquetage européen ;
- une charge rapide 33 W.
Côté connectivité et équipements, le Dreame E1 coche les cases attendues d’un smartphone milieu de gamme : 5G, NFC, lecteur d’empreintes sous l’écran, port jack 3,5 mm, slot microSD et certification IP64.
Mais l’essentiel n’est pas là. Ce smartphone n’a pas vocation à rivaliser frontalement avec les flagships du marché : il est pensé comme le point de contrôle central de tous les appareils Dreame du foyer.

De l’aspirateur au salon : Dreame élargit massivement son terrain de jeu
Cette stratégie ne sort pas de nulle part. Depuis l’IFA 2025 à Berlin, Dreame multiplie les annonces hors de son cœur de métier historique. La marque y a notamment présenté ses premiers téléviseurs mini-LED, développés par sa filiale Shenzhen Televi Intelligent Technology :
Déjà commercialisée en Chine (de 55 à 100 pouces), cette gamme doit aussi arriver à Singapour, aux Émirats arabes unis et en Malaisie. Elle sera à nouveau mise en avant lors du CES 2026 en janvier prochain.

Vidéoprojecteurs, audio et image : Dreame construit une expérience complète
L’expérience visuelle fait également partie intégrante de cette maison connectée. Dreame lance ainsi :
- le Dreame T2, un vidéoprojecteur sur batterie capable de projeter une image Full HD jusqu’à 120 pouces, avec correction automatique ;
- le Dreame T3, un modèle à ultra-courte focale pour obtenir une grande image depuis une faible distance.
Ces projecteurs reposent sur AtlasOS, le système d’exploitation maison de Dreame, et sur une puce IA propriétaire baptisée Dreamind. Là encore, l’objectif est clair : maîtriser à la fois le matériel et le logiciel, en vue d’une intégration poussée avec le smartphone.

Le smartphone Dreame comme télécommande universelle du foyer
Lors de l’IFA 2025, Dreame avait frappé fort en dévoilant plus de quinze nouvelles catégories de produits : téléviseurs, machines à café, robots pâtissiers, climatiseurs, fours, airfryers, caméras de sécurité, robots de cuisine, mais aussi des produits de beauté ou des broyeurs de déchets. Nous étions alors sur place pour détailler ces annonces dans notre article dédié aux nombreuses innovations de Dreame.
Autant d’appareils destinés, à terme, à être pilotés depuis le smartphone Dreame E1. Le fondateur Yu Hao va même jusqu’à évoquer, à plus long terme, l’hypothèse d’une voiture électrique — une trajectoire qui rappelle celle de Xiaomi, passé du smartphone à l’automobile avec ses SU7 et YU7.
La logique est assumée : verrouiller l’utilisateur par l’écosystème. Plus un foyer s’équipe d’appareils d’une même marque, plus il devient difficile d’en changer.
Une intégration verticale inspirée de Xiaomi et Huawei
Derrière cette offensive se dessine une ambition comparable à celle de Huawei avec HarmonyOS ou de Xiaomi avec HyperOS : créer un environnement logiciel propriétaire où tous les appareils communiquent entre eux, avec le smartphone comme pivot.
Dreame mise sur des fiches techniques solides et un positionnement qualité-prix agressif. L’idée n’est pas de vendre des produits gadgets, mais des appareils conçus pour un usage quotidien, intégrés dans un ensemble cohérent.
Un pari risqué face aux géants du smartphone
Reste que le pari est loin d’être gagné. Le marché du smartphone est saturé, dominé par des acteurs solidement installés comme Apple ou Samsung, sans oublier Xiaomi et Huawei. La hausse récente du prix de la RAM complique encore l’équation économique.
Consciente de ces obstacles, Dreame joue la prudence. Le Dreame E1 se positionne comme un smartphone milieu de gamme, sans prétention face aux iPhone ou Galaxy S, mais pensé comme un outil stratégique au service de l’écosystème.

Le CES 2026 comme test grandeur nature
Le CES 2026 de Las Vegas marquera une étape clé. Téléviseurs, vidéoprojecteurs et barres de son Dreame y seront exposés. Le smartphone pourrait même y faire sa première apparition officielle.
Au-delà du produit lui-même, c’est toute la vision de Dreame qui sera jugée : passer d’un spécialiste de l’aspirateur robot à un acteur global de la maison connectée, avec le smartphone comme porte d’entrée et centre de gravité de l’expérience utilisateur.






