Des polluants éternels squattent l’eau du robinet d’une trentaine de communes françaises, dépassant les normes autorisées (0,1 µg/L). Facteurs de risques pour la santé, ces PFAS sont de sérieuses sources d’inquiétude pour les habitants.
Imaginez ouvrir votre robinet et découvrir que l’eau, censée être pure, contient des invités indésirables : des PFAS ! Ces polluants sont considérés comme « éternels » du fait de leur résistance à la dégradation. Ils s’infiltrent dans l’environnement et même dans nos verres d’eau. En France, une carte publiée le 31 juillet 2025 par le Ministère de la Transition écologique révèle des niveaux alarmants dans plusieurs communes. Ces données, basées sur 2,3 millions d’analyses, mettent en lumière un problème persistant. Mais où en est-on vraiment, et que faire face à ces intrus chimiques ?
PFAS : des polluants persistants qui envahissent la nature
Les PFAS (alkyls polyfluorés et perfluorés) sont des molécules extrêmement persistantes dans l’environnement, et qui se dégradent difficilement dans le temps. Souvent synthétiques, ces substances ont été très sollicitées depuis longtemps pour leurs propriétés résistantes et anti-adhésives notamment. On les retrouve partout, mais souvent à de faibles concentrations, notamment dans les produits cosmétiques, les textiles, les poêles anti-adhésives, les mousses anti-incendie…
Le problème ? Ces polluants éternels s’accumulent dans l’eau, les sols et même dans notre organisme. Le Centre international de recherche sur le cancer classe le PFOA et le PFOS, deux PFAS « stars », comme potentiellement cancérogènes. Ils sont liés à des risques de cancers, de maladies thyroïdiennes ou de problèmes de fertilité.
Pour en savoir plus, lire : PFAS : tout ce qu’il faut savoir sur ces « polluants éternels » qui menacent notre santé
Des dépassements de seuil alarmants
D’après la directive européenne de 2020, le taux de 20 PFAS autorisé dans l’eau destinée à la consommation humaine est de 0,1 µg/L. Une fois ce seuil dépassé, c’est la zone rouge. En France, le 6 août 2025, 39 points de prélèvement d’eau du robinet affichaient des taux supérieurs à ce seuil, indique Franceinfo.
Mais ce n’est pas tout : 290 points au total, incluant eaux souterraines, superficielles et rejets industriels, montrent des niveaux excessifs. Ces dépassements touchent non seulement les foyers, mais aussi les agriculteurs qui irriguent leurs champs avec des eaux contaminées. Les PFAS, présents dans des objets du quotidien s’échappent dans la nature et s’accumulent, menaçant la santé et l’environnement.
Les communes et sites où les eaux sont contaminées
Parmi les 33 communes dont les PFAS dépassent significativement le seuil autorisé, certaines se démarquent. Louppy-sur-Loison, Villy et Juvigny-sur-Loison, dans la Meuse, sont les plus touchées, suivies par quatre villes du Haut-Rhin.
L’Isère, le Rhône et l’Hérault, mais aussi des villes comme Chambéry, Narbonne et Cherbourg, figurent aussi sur la liste. Au total, 120 sites sont contaminés par des PFAS, dont 20 lacs ou rivières et 34 nappes phréatiques. Ces chiffres, issus des analyses de 2025 réalisées par le ministère de la Transition écologique, montrent l’ampleur du problème et la nécessité d’agir vite pour protéger les habitants.
Liste des 15 communes parmi les plus contaminées aux PFAS :
- Louppy-sur-Loison (55) 1,94 µg/L
- Villy (08) 1,75 µg/L
- Juvigny-sur-Loison 1,65 µg/L
- Han-lès-Juvigny (55) 0,94 µg/L
- Haraucourt (08) 0,87 µg/L
- Neuwiller (68) 0,42 µg/L
- Blagny (08) 0,41 µg/L
- Ehuns (70) 0,41 µg/L
- Malandry (08) 0,36 µg/L
- Cherbourg-en-Cotentin (50) 0,32 µg/L
- Thénorgues (08) 0,32 µg/L
- Saint-Louis (68) 0,31 µg/L
- Blotzheim (68) 0,28 µg/L
- Beffu-et-le-Morthomme (08) 0,28 µg/L
- Landres-et-Saint-Georges (08) 0,26 µg/L
Pour rester au courant de l’état des eaux sur tous les territoires, on peut consulter une carte interactive, publiée par le ministère de la Transition écologique.
Des solutions ?
Ces polluants persistants ne sont pas prêts de quitter la scène. Mais la France tentent de prendre le taureau par les cornes… On accède à des données transparentes et actualisées sur ce problème de pollution d’eau. Et des mesures sont prises rapidement, notamment l’interdiction progressive des PFAS dans les objets de la vie courante. Le gouvernement a aussi annoncé « une consultation du public sur deux projets de décrets ». L’un porte sur les objets de la vie courante et l’autre sur une trajectoire de réduction des émissions industrielles de PFAS. L’objectif est de limiter leur impact.
Les institutions peuvent aussi :
- Renforcer les contrôles des rejets industriels ;
- Investir dans la dépollution et le traitement d’eau ;
- Appliquer réellement la directive européenne de 2020 stipulant le seuil de 0,1 µg/L à respecter.
Mais le mal est fait et certains aimeraient bien faire bouger la réglementation en modifiant la définition des PFAS…
Pour en savoir plus, lire : PFAS : des scientifiques dénoncent une tentative pour affaiblir leur définition réglementaire
Sources : Franceinfo, Le Figaro, Ministère de la Transition écologique.
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