Orange, Bouygues Telecom et SFR annoncent le déploiement d'un outil commun appelé e-intervention. Il s'agit d'une technologie qui détecte les coupures en temps réel pour permettre un rétablissement immédiat sur place.

Logo Orange Bouygues et SFR
Logo Orange Bouygues et SFR.

C’est un scénario que des milliers de Français redoutent. Une intervention sur l’armoire fibre optique du quartier puis soudain, plus de connexion Internet. Un véritable cauchemar de débranchement sauvage où un technicien déconnecte sans le vouloir la ligne pour raccorder un nouvel abonné. Et c’est désormais la fin du calvaire avec e-intervention, fruit d’une longue collaboration au sein du groupe Interop’Fibre. Il s’agit de l’instance qui regroupe les grands opérateurs télécom français parmi lesquels Orange, Bouygues Telecom et SFR pour améliorer la qualité d’exploitation du réseau fibre.

L’Arcep évoquait déjà en novembre 2021 la nécessité d’un outil qui notifie en temps réel les interventions. Le projet a ensuite été découpé en deux phases. La première a été lancée progressivement à partir de l’été 2022 pour informer les opérateurs du début et de la fin des interventions techniques. La seconde s’est généralisée depuis le 4 décembre 2025 et va beaucoup plus loin en ajoutant des alertes dans l’application mobile des techniciens sur le terrain.

E-intervention préviendra les techniciens en cas de coupure involontaire

La nouveauté repose sur une innovation d’abord développée par Bouygues Telecom sous le nom de Check Voisinage. C’est un logiciel libre créé dès 2021 et partagé avec l’ensemble du secteur. Quand un technicien intervient sur une armoire de rue qui distribue la fibre vers les logements et provoque des déconnexions, son application affiche une alerte.

Il lui est alors possible, avec l’accord des opérateurs concernés, de corriger l’erreur avant de quitter les lieux. Plus besoin qu’un second technicien soit envoyé plus tard pour rétablir la connexion du client lésé.

L’outil a d’abord été testé en version pilote depuis le 29 septembre 2025 en Gironde. Ensuite, le dispositif s’est étendu à plusieurs départements à partir du 13 octobre. C’est le 4 décembre que la généralisation pour les techniciens de raccordement et de SAV d’Orange et Bouygues Telecom est entrée en vigueur. SFR rejoindra prochainement l’opération, dans quelques semaines. Pour le moment, e-intervention ne fonctionne que sur les réseaux d’Orange en zone dense et sur les réseaux publics gérés par Orange Concessions.

Les dirigeants des trois opérateurs ne cachent pas leur satisfaction mais l’absence de Free n’est pas passée inaperçue. Pourtant, l’opérateur est bien membre du groupe Interop’Fibre. Mais le communiqué de lancement ne le mentionne pas parmi les participants. Il est fort probable que l’entreprise rejoigne e-intervention prochainement, mais rien n’a été officiellement annoncé.

Alors, signe de désaccord ou de retard ? Pour le moment, c’est le flou. Rappelons qu’il y a eu de nombreuses plaintes déposées sur la plateforme J’alerte l’Arcep ou auprès du régulateur. Le mécontentement est général entre les raccordements chaotiques, les clients débranchés au profit d’autres, la dégradation des équipements, les déconnexions à répétition, les difficultés de raccordement, etc. Selon Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, il s’agit d’une « mauvaise presse » qui justifie la légère baisse du nombre de nouveaux abonnés fibre ces dernières années.

Les débranchements sauvages, un problème récurrent chez les opérateurs

Et puis rappelons qu’e-intervention ne résout pas tous les problèmes. L’outil cible les pannes causées par une déconnexion accidentelle lors d’une intervention sur une armoire de rue. Mais le dispositif ne corrige pas le déficit de formation de certains techniciens ou l’état des armoires déjà dégradées. Reste que, pour les abonnés touchés par ces débranchements intempestifs, e-intervention est une technologie bienvenue.

Jusqu’à présent, une coupure accidentelle entraînait parfois plusieurs jours d’attente avant qu’un nouveau technicien ne passe. Autant dire que les employés en télétravail et autres personnes dépendantes de leur connexion s’arrachaient les cheveux. Désormais, leur rétablissement pourrait être instantané, à condition que le technicien fautif corrige son erreur avant de quitter les lieux.

L’outil incite aussi de manière implicite à des interventions plus soignées. Les techniciens savent désormais qu’ils seront alertés pour toutes les déconnexions et seront donc plus attentifs.

Pour finir, rappelons que le réseau cuivre ADSL tirera sa révérence d’ici 2030. Les améliorations sont donc d’autant plus urgentes pour que les clients quittent cette technologie pour adopter la fibre. Des premières coupures ont déjà eu lieu en 2025 et les abonnés de ces communes concernées sont désormais dépendants de la fibre optique.

Source : Bouygues Telecom, Avicca