Canicules : la climatisation va-t-elle devenir indispensable dans nos logements ?

Par Pierre-Jean Alzieu

Mis à jour le 12/07/2025 à 12:16

Alors que les vagues de chaleur se multiplient, l’ADEME dresse un constat sans appel : la climatisation pourrait devenir indispensable dans de nombreux bâtiments d’ici 2050. Mais cette solution est loin d’être sans conséquence, notamment pour l’environnement. Voici ce qu’il faut retenir – et anticiper.

Intérieur d’une pièce en été avec une climatisation murale, un ventilateur et des rayons de soleil entrant par le rideau
Une pièce rafraîchie par un climatiseur mural et un ventilateur, en pleine journée d’été © Labo Maison

Les canicules ne sont plus des exceptions. Elles deviennent la norme estivale. Avec des vagues de chaleur de plus en plus longues, fréquentes et intenses, la question du confort thermique dans les logements et les bureaux devient cruciale. Le dernier rapport de l’ADEME (Agence de la transition écologique) publié en avril 2025 tire la sonnette d’alarme : sans adaptation rapide du bâti, la climatisation risque de devenir incontournable. Mais à quel prix ? Impact environnemental, aggravation des îlots de chaleur urbains, inégalités sociales… L’ADEME plaide pour une stratégie d’ensemble, qui dépasse le simple recours à la clim.

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Des bâtiments inadaptés face à l’urgence climatique

Les chiffres sont éloquents : plus de 90 % des bâtiments pourraient être exposés à de fortes chaleurs d’ici 2100 en France métropolitaine. Dès 2050, les logements non adaptés seront inconfortables pendant les étés, même dans des zones jusqu’ici tempérées comme Paris.

L’étude cite une notion désormais bien identifiée : les « bouilloires thermiques », ces logements mal isolés, froids l’hiver et étouffants l’été, qui touchent 73 % des foyers précaires déjà exposés au froid. Résultat : double peine pour des millions de Français, et une explosion potentielle de la précarité énergétique.

Faut-il se résoudre à climatiser massivement ?

Aujourd’hui, 25 % des foyers sont déjà équipés de climatisation, un chiffre en forte hausse. Le tertiaire affiche un taux de 40 %. Cette tendance devrait se poursuivre à mesure que les températures grimpent. Pourtant, la climatisation active (monoblocs, splits, PAC…) engendre plusieurs risques :

  • Rejets de chaleur qui aggravent les îlots de chaleur urbains (+2 à +3,6 °C dans certaines zones).
  • Emissions de gaz à effet de serre, notamment via les fluides frigorigènes.
  • Dépenses énergétiques en hausse, pesant sur les ménages les plus vulnérables.
  • Bruit et pollution visuelle.

À elle seule, la climatisation représentait 4,4 Mt de CO₂ en 2020, soit 5 % des émissions françaises.

Des alternatives existent (et fonctionnent)

L’ADEME appelle à privilégier des solutions passives et actives sobres, en particulier lors des rénovations. Voici les plus prometteuses :

  • Protections solaires extérieures (volets, stores, brise-soleils).
  • Isolation thermique renforcée, notamment par l’extérieur.
  • Brasseurs d’air et ventilation nocturne.
  • Puits canadiens, géocooling, rafraîchissement adiabatique.
  • Réseaux de froid urbains, couplés aux énergies renouvelables.

À noter que passer de 23 °C à 26 °C de consigne permet de diviser la consommation par 2,5 à 4 selon les villes.

La rénovation, levier essentiel pour l’adaptation

Pour l’ADEME, l’heure est à l’action globale :

  • Inclure le confort d’été dans toutes les rénovations (France Rénov, Eco-énergie Tertiaire).
  • Imposer des protections solaires pour bénéficier d’aides publiques.
  • Former les acteurs du bâtiment à la résilience climatique.
  • Mieux définir la notion de logement décent, en intégrant la résistance à la chaleur.
  • Encourager les bâtiments « oasis », conçus pour stocker le froid la journée et relâcher la chaleur la nuit.

Les collectivités en première ligne

La réponse ne peut être que collective. L’ADEME appelle les collectivités à intégrer l’adaptation climatique dans leurs documents d’urbanisme (PLUi, PCAET…), à verdir les espaces publics, à développer les réseaux de froid… Des outils comme Plus Fraîche ma Ville ou Sésame permettent déjà d’identifier les bonnes pratiques à l’échelle locale.

Éviter les mauvais réflexes

Dans l’urgence d’une canicule, nombreux sont les ménages qui se tournent vers les climatiseurs mobiles. Or, ces équipements sont les plus énergivores, bruyants, et peu efficaces, même lorsqu’ils affichent une étiquette A. L’ADEME appelle à les éviter autant que possible, et propose même d’étudier un malus pour les modèles les moins vertueux.

💡 Ce qu’il faut retenir

  • Oui, la climatisation devient inévitable dans certains cas… mais elle ne doit pas être la solution par défaut.
  • La sobriété énergétique est prioritaire : chaque degré compte.
  • L’adaptation du bâti est la clé pour éviter une dépendance massive aux climatiseurs.
  • Des solutions alternatives existent, souvent moins coûteuses et plus durables.

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