iRobot, le fabricant américain des robots Roomba, traverse l’une des pires crises de son histoire. Après l’échec de son rachat et une nouvelle chute en Bourse, iRobot admet désormais un « doute substantiel » sur sa survie à court terme.
Alain Souchon chantait à la fin des années 70 « Y’a de la rumba dans l’air ». Mais il semblerait que les Roomba d’iRobot ne soit plus dans l’air… du temps. Le fabricant américain d’aspirateurs robots entrent effectivement dans une phase financière extrêmement difficile. Et le pionnier de la robotique domestique voit son avenir s’assombrir, après l’échec d’une nouvelle tentative de rachat.
L’entreprise a annoncé fin octobre la fin des négociations avec un repreneur potentiel. Son offre était jugée « nettement inférieure » au cours moyen de l’action. Et cette annonce a entraîné une nouvelle dégringolade du titre, en baisse de plus de 30 % en une séance. Entre mars et novembre 2025, le cours d’iRobot est passé de 7 dollars environ à 2,2 dollars.
Un accord avec Amazon bloqué par l’antitrust
Déjà affaiblie par la rupture de son accord à 1,7 milliard de dollars avec Amazon, bloqué par les autorités antitrust en 2024, iRobot se retrouve sans partenaire stratégique. « Aucune discussion avancée n’est en cours », a précisé la direction. La direction reconnaît désormais « un doute substantiel sur la capacité du groupe à poursuivre ses activités » sans nouveau financement.
Sur le plan comptable, la situation est tout aussi préoccupante. Entre juillet et septembre 2025, le chiffre d’affaires a chuté de 25 %, à 145,8 millions de dollars, tandis que la perte nette s’est creusée à 21,5 millions de dollars, contre 6,4 millions un an plus tôt. Depuis le début de l’année, la perte cumulée atteint 131,6 millions, soit presque le double de celle enregistrée en 2024.
Une concurrence chinoise accrue
Les causes sont multiples. Un ralentissement du marché mondial, des retards de production persistants et des perturbations logistiques, expliquent en partie la situation. Dans son communiqué du 6 novembre, le PDG Gary Cohen reconnaît que « le chiffre d’affaires du troisième trimestre est très inférieur aux attentes internes ». Il évoque également des « pressions continues sur la rentabilité ».

Les comptes confirment la gravité du moment. La trésorerie d’iRobot fond à 24,8 millions de dollars, contre 40,6 millions trois mois plus tôt, sans aucune ligne de crédit restante. Le groupe a négocié une prolongation temporaire de son prêt relais de 200 millions auprès de Carlyle Group jusqu’au 1er décembre. Sans nouvel apport de capital, un redimensionnement sévère, voire un dépôt de bilan, n’est toutefois pas exclu.
Dans un document réglementaire déposé au début du mois auprès de la SEC, la société a averti qu’elle pourrait être contrainte de se placer sous la protection de la loi sur les faillites.
Une descente aux enfers
Cette descente aux enfers illustre la perte de vitesse d’un pionnier autrefois emblématique. Face à une concurrence venue d’Asie, avec des marques ultra agressive comme Ecovacs, Roborock ou Dreame, iRobot peine à suivre le rythme de l’innovation. Ses robots, longtemps synonymes de fiabilité, apparaissent désormais coûteux face à des rivaux mieux équipés et vendus moins cher. La nouvelle gamme lancée en début d’année montre effectivement les limites.
iRobot parvient tout juste à se hisser au niveau des dernières innovations avec son Roomba Max 705 Combo. Chez iRobot France, on nous confiait récemment que le groupe travaillait notamment sur la technologie vapeur pour ses prochains robots, une façon de revenir sur le devant de la scène… Très peu de marques proposent une telle technologie actuellement.
L’abandon du rachat par Amazon en 2024 reste, pour beaucoup d’observateurs, le coup de grâce. Andy Jassy, PDG du géant américain de la vente en ligne, l’avait décrit comme « une triste histoire ». L’intégration d’iRobot à l’écosystème Alexa aurait pu, selon lui, lui redonner un deuxième souffle. Mais les régulateurs européens et américains ont bloqué le projet. Ils jugeaient qu’il risquait de renforcer la domination d’Amazon dans la maison connectée.
Quel avenir ?
Désormais, iRobot n’a plus guère le choix : réduire ses coûts, céder certains actifs ou espérer un repreneur miracle. L’entreprise, qui a vendu plus de 50 millions de robots domestiques depuis 2002, se bat pour éviter la panne sèche. En attendant, le marché a tranché. Et avec lui, l’un des symboles de la robotique grand public vacille dangereusement.

The Verge a demandé à iRobot ce qui se passerait pour les possesseurs d’aspirateurs robots en cas de faillite. La marque a botté en touche. L’épisode récent concernant Neato, racheté et débranché par Vorwerk, montre que l’on peut encore utiliser un aspirateur robot manuellement, même si le cloud est débranché. Mais la promesse n’est plus vraiment au rendez-vous.
Sources : iRobot, The Verge, ZoneBourse
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