Tesla, Unitree et d'autres constructeurs en ont fait la promesse. Un robot humanoïde fera le ménage, surveillera vos enfants ou tiendra compagnie à vos parents âgés. Sauf qu'une démonstration a eu lieu à Shanghai et montre une faille quelque peu terrifiante. D'une simple phrase, il est possible de pirater ces robots puis de contaminer ceux à proximité comme un virus. Dans ce scénario, l'aide ménagère high-tech se transforme en espion, voire pire, en agresseur.

F.01 et F.02, les robots humanoïdes de Figure AI
F.01 et F.02, les robots humanoïdes de Figure AI

Dans un monde où l’on nous promet des robots humanoïdes d’ici 2026 à des prix de plus en plus accessibles, la compétition GEEKCon à Shanghai remet les pendules à l’heure. Deux chercheurs en cybersécurité du groupe DARKNAVY ont mené une expérience qui risque de faire réfléchir tous les futurs propriétaires de robots humanoïdes à la maison. Leur cobaye : un modèle chinois commercialisé à environ 14 000 euros, doté d’une IA capable de comprendre les commandes vocales.

D’une simple commande vocale, il est possible de contrôler plusieurs robots

En utilisant une faille dans le système d’IA embarqué, les experts Qu Shipei et Xu Zikai ont pris le contrôle du robot domestique par une simple interaction vocale. Mais ce n’est pas le plus effrayant. Ce robot « infecté » s’est transformé en « cheval de Troie numérique », comme l’expliquent les chercheurs. Il leur a suffi d’une communication sans fil à courte portée sur le robot pour en contaminer un autre qui n’était même pas connecté à Internet. En moins de trois minutes, les deux robots humanoïdes obéissaient aux ordres des pirates.

Pour montrer le danger, les chercheurs ont envoyé une commande malveillante au robot de démonstration piraté. Ils s’est dirigé vers un mannequin au centre de la scène puis l’a frappé. Et si vous vous dites que ces robots humanoïdes à 14 000 euros ne vous concernent pas, détrompez-vous. Tesla a l’ambition de lancer son Optimus dès 2026, à un prix entre 18 000 et 27 000 euros. Unitree propose déjà son robot G1 autour de 16 000 dollars. D’ici quelques années, ces prix pourraient passer sous la barre des 10 000 euros avec la production de masse.

Ces robots domestiques sont pensés pour entrer dans nos foyers, faire le ménage, tondre la pelouse, aider les personnes âgées, surveiller la maison et les enfants, etc. Autant d’avantages que nous vantent les entreprises. Mais n’oublions pas que ces machines sont équipées de caméras, de microphones, sont connectées à Internet et dotées d’une IA capable d’apprendre vos habitudes. Entre de mauvaises mains, c’est un vrai outil d’espionnage, voire d’agression.

Le chercheur Qu Shipei tire d’ailleurs la sonnette d’alarme : « Une fois que les robots seront déployés pour des missions d’inspection, d’antiterrorisme ou dans le domaine médical et d’aide aux personnes âgées, les failles de sécurité non résolues pourraient s’avérer catastrophiques. »

Les robots humanoïdes transformés en agresseurs dans nos foyers

Un robot domestique piraté pourrait alors être un « espion mobile » qui enregistre vos conversations sur le réseau interne de votre maison et transmet tout ça à des personnes malveillantes. Mais ce n’est pas tout puisqu’on parle d’une vraie menace physique pour vous et les membres de votre famille. La démonstration de Shanghai montre qu’un robot domestique contrôlé par un pirate peut frapper sur commande.

Le risque, une réaction en chaîne incontrôlable si d’autres appareils connectés de votre maison sont contaminés. Les menaces existent déjà avant même le déploiement des robots humanoïdes dans nos maisons. Alors imaginez quand ce sera le cas. La démonstration de Shanghai montre un autre danger évoqué précédemment : même un robot domestique déconnecté d’Internet n’est pas à l’abri des pirates. L’engin compromis a utilisé une communication sans fil locale pour en infecter un autre.

Alors on voit tout de suite le tableau apocalyptique : un quartier où des milliers de robots cohabitent avec un seul d’entre eux compromis qui peut en contaminer des dizaines d’autres en quelques minutes. Les chercheurs à l’origine de cette démonstration appellent donc les fabricants à prendre au sérieux ce risque dès la conception.

Alors comment éviter que son robot humanoïde ne soit piraté ?

Selon eux, il faut utiliser des outils de détection de failles pendant le développement, faire appel à des équipes externes pour des audits et ne jamais considérer un produit comme sûr sans simulation de véritable attaque. Alors, si un jour vous avez un robot domestique chez vous, posez-vous les bonnes questions. Propose-t-il des mises à jour régulières ? L’entreprise a-t-elle fait auditer ses produits par des experts indépendants ? À ce moment, il faudra aussi faire attention aux modèles trop bon marché.

Un prix trop bas peut signifier des économies sur la sécurité. Comme aujourd’hui avec de nombreux appareils high-tech que l’on retrouve en accès libre sur Internet. Et puis, il y a aussi la question du réseau Wi-Fi mal protégé qui servira alors de porte d’entrée pour les pirates. Nos maisons connectées regorgent déjà de failles.

Mieux vaut combler toutes les failles possibles chez vous, surtout au niveau de la connectivité Wi-Fi. Et poser le pour et le contre avant d’adopter un robot humanoïde. Car autant le dire tout de suite, ce n’est plus de la science-fiction. Tesla, Unitree ou encore Figure AI investissent des milliards de dollars pour les rendre accessibles au grand public.

Elon Musk prédit même un avenir où ces machines seront plus nombreuses que les humains. Mais gardons en tête que le milliardaire aime les prédictions un peu fantaisistes. Alors sur ce coup, les pincettes sont de mise. Mais une chose est sûre, ne vous attendez pas à ce que les robots humanoïdes soient totalement sûrs.

Source : SCMP