EDF réévalue le coût de ses six futurs réacteurs EPR2 à 72,8 milliards d’euros, soit une hausse de 40 % depuis 2022. Malgré ce dérapage budgétaire, l'électricien assure avoir tiré les leçons du passé.

Centrale nucléaire EDF EPR2 près de la mer
Centrale nucléaire EDF EPR2 près de la mer. © EDF

EDF a confirmé le 18 décembre 2025 une nouvelle hausse du coût prévisionnel du programme de relance nucléaire français. Le devis consolidé pour la construction de six réacteurs EPR2 s’établit désormais à 72,8 milliards d’euros, hors coûts de financement. Un montant en hausse de près de 8 % par rapport à la précédente estimation de fin 2023, qui atteignait 67,4 milliards d’euros.

Depuis l’addition initiale de 51,7 milliards d’euros publiée en 2022, le coût du programme aura ainsi augmenté d’environ 40 %, illustrant l’ampleur financière du chantier engagé par EDF et l’État.

Un programme nucléaire structurant pour la décennie à venir

Annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, le programme de relance nucléaire prévoit la construction de six réacteurs de nouvelle génération, répartis en trois paires sur les sites de Penly, Gravelines et Bugey. EDF, entreprise publique détenue à 100 % par l’État, précise que ce nouveau chiffrage avait déjà été défini comme un plafond lors des discussions avec l’État-actionnaire.

L’électricien affirme désormais espérer faire mieux que ce plafond, en s’appuyant sur des pistes d’économies et d’optimisation identifiées au cours des derniers mois.

Tirer les leçons des précédents EPR

Avec ce projet qualifié de « chantier du siècle », l’objectif affiché par EDF et par l’État est clair : éviter la répétition des dérapages de coûts et de délais observés sur les précédents projets d’EPR. Symbole de ces dérives, l’EPR de Flamanville n’a été raccordé au réseau électrique qu’en décembre 2024, avec douze ans de retard.

Dans une interview accordée au Figaro, le PDG d’EDF, Bernard Fontana, assure que l’entreprise a « tiré les leçons du passé » et se dit confiant dans la capacité du groupe à tenir « les coûts et les délais ». De son côté, Bercy estime que ce devis est « aligné avec l’enveloppe globale telle qu’elle avait été travaillée avec l’État », y voyant un signe de visibilité accrue pour EDF.

Les organisations antinucléaires restent sceptiques. Greenpeace estime notamment que le coût final pourrait être bien plus élevé, en particulier si l’on intègre les charges d’intérêts, non incluses dans le devis actuel.

Des provisions renforcées et un calendrier repoussé

EDF indique que ce nouveau chiffrage intègre un niveau de provisions pour risques en hausse, destiné à couvrir les aléas techniques et industriels. Selon Xavier Gruz, directeur exécutif chargé de la maîtrise d’ouvrage du nouveau nucléaire, ces provisions reflètent une approche plus prudente du projet.

Le groupe met également en avant des efforts d’optimisation issus des retours d’expérience des chantiers de Flamanville et d’Hinkley Point au Royaume-Uni. Ces ajustements doivent permettre, selon EDF, de réduire la durée de construction de 96 à 70 mois par réacteur.

Sur le calendrier, EDF confirme viser une mise en service du premier EPR2 à Penly en 2038, contre 2035-2037 initialement envisagés. Les réacteurs suivants seraient mis en service avec un cadencement de 12 à 18 mois.

Un projet encore suspendu aux décisions publiques

Avant le lancement officiel du programme, le devis doit désormais faire l’objet d’un audit approfondi de l’État, attendu dans les prochaines semaines. Bercy vise un devis engageant pour EDF et l’État d’ici fin mars.

L’objectif affiché est une décision finale d’investissement fin 2026, étape indispensable pour sécuriser le calendrier. EDF prévoit néanmoins d’engager dès 2026 2,7 milliards d’euros pour les travaux préparatoires et de conception.

Dernier verrou à lever : le feu vert de la Commission européenne concernant les aides d’État. Le modèle de financement prévoit un prêt avantageux de l’État couvrant 60 % des coûts de construction, complété par un contrat à prix garanti sur 40 ans, destiné à sécuriser les recettes d’EDF et le remboursement du prêt.

Source : UsineNouvelle.