Ce métal toxique contamine nos aliments du quotidien : pourquoi les médecins parlent d’une bombe sanitaire

Par Pierre-Jean Alzieu

Publié le 09/06/2025 à 10:17

Le cadmium, métal lourd cancérigène, s’immisce silencieusement dans notre chaîne alimentaire via les engrais phosphatés. En France, les niveaux chez les tout-petits suscitent une vive inquiétude chez les médecins. Journalistes et consommateurs, adoptons les bons réflexes alimentaires et faisons pression pour une agriculture plus sûre.

Morceau brut de cadmium extrait naturellement, posé sur fond sombre
Un fragment métallique de cadmium, métal lourd naturellement présent dans certaines roches phosphatées

Céréales du petit-déjeuner, pommes de terre, pâtes, pain… Autant d’aliments du quotidien que l’on croit anodins. Et pourtant, derrière cette apparente banalité se cache un danger bien réel : le cadmium. Ce métal lourd, classé cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé, infiltre notre alimentation à travers un biais insidieux mais bien identifié : les engrais phosphatés.

Alors que les médecins observent une augmentation des pathologies graves, notamment chez les jeunes enfants, ils alertent aujourd’hui sur une contamination généralisée passée longtemps sous silence.

Des engrais contaminés en cause

Contrairement aux pesticides ou aux polluants éternels comme les PFAS, le cadmium n’est pas un produit chimique volontairement ajouté à nos cultures. Ce métal lourd est naturellement présent dans certaines roches phosphatées. Celles importées d’Afrique du Nord sont largement utilisées pour fabriquer des engrais destinés à l’agriculture intensive. Une fois ces engrais épandus sur les champs, ce sont les sols eux-mêmes qui deviennent des sources de contamination.

Le phénomène est particulièrement préoccupant dans certaines zones du territoire français. Il est notamment accentué sur les sols calcaires du nord, où la présence de cadmium est plus élevée. Résultat : les cultures cultivées sur ces terres – blé, pommes de terre, betteraves – peuvent absorber ce métal toxique, qui se retrouve ensuite dans notre alimentation.

Comme le rappelle le site du ministère de la Transition écologique, l’alimentation constitue la principale voie d’exposition au cadmium, loin devant l’air ou l’eau.

Une contamination qui touche dès le plus jeune âge

Les données les plus récentes sont préoccupantes : 36 % des enfants de moins de 3 ans dépassent la dose journalière tolérée de cadmium. Ces chiffres proviennent de Santé publique France. Ils révèlent une exposition chronique, particulièrement inquiétante chez les tout-petits, plus vulnérables à l’effet cumulatif de ces toxiques.

Chez les professionnels de santé, le constat est amer. Cancers, maladies cardiovasculaires, troubles osseux : les pathologies potentiellement liées à une exposition prolongée au cadmium semblent en augmentation. L’Union régionale des professionnels de santé libéraux (URPS) parle même d’une « bombe sanitaire ».

Manger mieux pour limiter l’exposition

En attendant une réponse politique forte, les médecins appellent à des gestes de précaution simples mais efficaces. Le premier réflexe : diversifier son alimentation pour éviter une accumulation du métal à partir de sources répétitives.

Deuxième conseil : choisir, lorsque c’est possible, des produits issus de l’agriculture biologique. Les engrais utilisés en bio sont majoritairement d’origine animale ou végétale, beaucoup moins contaminés. Plusieurs études montrent que les aliments bio contiennent en moyenne deux fois moins de cadmium.

Une réglementation européenne en retard

Drapeau de l’Union européenne flottant devant un bâtiment institutionnel
Le drapeau de l’Union européenne, représentant les institutions européennes comme la Commission européenne. © NakNakNak / PixaBay

La Commission européenne a bien pris conscience du problème. Elle prévoit une réduction progressive des seuils de cadmium autorisés dans les engrais phosphatés, avec un objectif de limitation d’ici à juillet 2026. Mais pour de nombreux experts, ce calendrier reste trop lent au regard des risques sanitaires.

L’entrée en vigueur de cette directive ne concernera par ailleurs que les engrais mis sur le marché, sans effet rétroactif sur les tonnes déjà épandues dans les champs français ces dernières décennies.

Agriculture : des solutions existent déjà

Face à ce constat, certains agriculteurs changent leurs pratiques. Des alternatives plus vertueuses existent, notamment :

  • Le choix de roches phosphatées pauvres en cadmium
  • Le traitement des engrais par « décadmiation », une technique encore coûteuse mais en développement
  • Le recours à des amendements naturels, comme le compost ou les engrais verts

Des leviers à activer rapidement, alors que la question environnementale est de plus en plus centrale dans les habitudes de consommation. C’est aussi l’occasion de revaloriser les circuits courts et le bio, à l’image de ceux que nous mettons régulièrement en avant sur LaboMaison.

En résumé

Le cadmium, métal lourd toxique et cancérogène, contamine de nombreux aliments de base via les engrais phosphatés. En France, les enfants sont particulièrement exposés, et les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme. En attendant un encadrement plus strict à l’échelle européenne, les gestes du quotidien – diversifier son alimentation et privilégier le bio – permettent de réduire sensiblement les risques d’exposition.

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