Test Ezviz HB90 : la caméra extérieure à double objectif et panneau solaire peut-elle vraiment remplacer deux caméras ?

Avec la HB90, Ezviz entend frapper fort sur le marché des caméras de surveillance extérieures. Ce modèle sur batterie intègre deux objectifs motorisés pour couvrir à la fois une large zone et zoomer automatiquement sur les intrus. Il est livré avec un panneau solaire de 8 W censé assurer son autonomie, sans nécessiter de câble ni de branchement secteur. Vendue autour de 250 €, elle promet de simplifier la surveillance d’un jardin ou d’une entrée. Mais dans la pratique, peut-elle vraiment tenir cette promesse ?

Conception et installation

La Ezviz HB90 impressionne par son gabarit. Avec près de 900 g sur la balance et des dimensions de 23 × 13 × 14 cm, ce n’est pas une caméra discrète. Ses plastiques sont corrects mais moins soignés que ceux de certains concurrents haut de gamme comme Netatmo. En revanche, elle affiche une bonne robustesse avec une certification IP65 et une résistance aux températures de -20 °C à +50 °C.

Le kit comprend un support mural, quatre vis avec chevilles et surtout un panneau solaire de 26 × 18 cm équipé d’un câble de 3 m. Ce dernier n’est pas un simple accessoire mais un élément indispensable : la batterie interne de 10 400 mAh se vide très vite si la caméra est utilisée sans recharge solaire. Ezviz estime qu’un ensoleillement de deux heures par jour suffit à compenser la consommation, mais dans les faits, cela dépend fortement de la saison et de l’exposition.

L’installation est simple : on fixe le support, on emboîte la caméra et on oriente le panneau. La caméra peut être retirée sans outil pour une recharge manuelle, mais ce sera rarement nécessaire si le panneau solaire est bien exposé. On note en revanche un risque de vol car le système de fixation est facile à libérer si l’on connaît l’astuce.

Application et ergonomie

Comme toutes les caméras Ezviz, la HB90 se pilote depuis l’application mobile disponible sur iOS et Android. La configuration initiale est rapide grâce au Bluetooth qui facilite l’appairage. Une fois installée, l’application affiche deux vignettes distinctes correspondant aux deux capteurs, avec possibilité d’afficher les flux côte à côte.

L’interface regorge d’options : détection des personnes et véhicules, zones d’activité, liaison multi-objectifs permettant au second capteur de suivre un mouvement repéré par le premier. L’historique des enregistrements est bien organisé et facile à consulter. En revanche, la navigation manque de clarté, avec des menus parfois mal traduits et des intitulés obscurs comme « Son de rappel de détection ». Les utilisateurs novices risquent de s’y perdre.

Autre limite, la caméra ne peut enregistrer que si une carte microSD est ajoutée (jusqu’à 512 Go) ou via l’abonnement payant Ezviz CloudPlay. Sans l’un ou l’autre, impossible de revoir les événements passés.

Détection et autonomie

La HB90 se distingue de nombreuses caméras concurrentes en n’intégrant pas de capteur infrarouge passif (PIR), pourtant très économe en énergie. Elle repose sur la technologie AOV (Always On Video), qui consiste à filmer en permanence et à compiler les images en mode accéléré quand rien ne se passe. Dès qu’un mouvement est détecté, la fréquence augmente et un enregistrement se lance.

Ce choix a deux conséquences :

• Une consommation élevée, rendant le panneau solaire indispensable. Lors de journées nuageuses, la batterie peut perdre jusqu’à 10 % de charge par jour malgré le panneau branché.
• Un risque de ratés : en mode automatique, la caméra peut n’enregistrer qu’une image toutes les 60 ou 300 secondes si la batterie est basse. Dans ce cas, un intrus peut passer inaperçu.

En revanche, quand la batterie est pleine et le panneau bien exposé, la détection se montre efficace. De jour, la caméra a détecté une personne jusqu’à 20 m et un véhicule au-delà. De nuit, la portée est plus limitée (autour de 10 m), mais suffisante pour un usage résidentiel.

Qualité d’image et audio

Les deux capteurs de 4 Mpx délivrent une image en 2K (2560 × 1440 px). Le module supérieur, grand-angle (110°), sert à la surveillance générale. Le module inférieur, équipé d’une focale plus longue (60°), offre un zoom optique x2 et peut pivoter sur 324° à l’horizontale et 90° à la verticale.

En plein jour, le grand-angle produit des images colorées et détaillées. Le rendu est naturel. La vision nocturne en noir et blanc est correcte mais manque un peu de contraste. Avec les projecteurs LED, le rendu couleur est bien meilleur, lumineux et exploitable.

Le zoom est plus décevant : l’image manque de netteté, notamment à courte distance (moins de 3 m). Les détails fins comme des inscriptions ou des plaques d’immatriculation restent difficiles à distinguer. En revanche, il permet d’identifier un visage jusqu’à 8 m, ce qui reste utile.

Côté audio, le micro capte bien les voix dans un rayon de quelques mètres tout en filtrant les bruits de vent. Le haut-parleur permet de dialoguer ou de déclencher une sirène, mais cette dernière manque de puissance (environ 80 dB).