Bouteilles en plastique : les dangers de leur réutilisation

Par Pierre-Jean Alzieu

Mis à jour le 07/05/2025 à 17:47

Souvent perçue comme un geste écologique, la réutilisation des bouteilles en plastique pose en réalité de nombreuses questions sanitaires. LaboMaison fait le point sur les risques, plastiques par plastiques.

Trois bouteilles en plastique à usage unique : attention aux risques de réutilisation. (c) LaboMaison / Dalle.E
Trois bouteilles en plastique à usage unique : attention aux risques de réutilisation. (c) LaboMaison / Dalle.E

Elles sont partout : dans les sacs de sport, sur les bureaux, dans les sacs à dos. Les bouteilles d’eau en plastique, pensées pour un usage unique, sont fréquemment remplies à nouveau — parfois à l’infini. Si l’intention est louable sur le plan environnemental, cette habitude soulève des préoccupations bien réelles, qu’il s’agisse de migration de substances chimiques ou de prolifération bactérienne.

Que disent réellement les faits ? Quels plastiques sont réutilisables en toute sécurité, lesquels sont à proscrire ? Et à partir de quand un contenant devient-il potentiellement nocif ? Voici les réponses.

Comprendre les codes des plastiques : que signifient les chiffres inscrits ?

Chaque contenant plastique porte un code d’identification, de 1 à 7, visible sous forme d’un chiffre inscrit dans un triangle. Ce marquage permet d’identifier la nature du matériau et, par extension, sa stabilité et sa dangerosité potentielle.

Code 1 : PET (polyéthylène téréphtalate)

Code 1 – PET : usage unique conseillé, instable à la chaleur, risques de migration chimique. (c) LaboMaison / Dalle.E
Code 1 – PET : usage unique conseillé, instable à la chaleur, risques de migration chimique. (c) LaboMaison / Dalle.E

Utilisation recommandée : usage unique uniquement

Ce plastique est omniprésent dans les bouteilles d’eau et de soda. Léger et peu coûteux à produire, il n’est pas conçu pour durer. Si les autorités sanitaires le considèrent sans danger en usage ponctuel, sa stabilité diminue lorsqu’il est exposé à la chaleur, ce qui peut provoquer la migration de substances chimiques comme le trioxyde d’antimoine, un perturbateur endocrinien suspecté.

Code 2 : PEHD (polyéthylène haute densité)

Utilisation recommandée : réutilisable avec précaution

Employé pour les bouteilles de lait ou de jus, ce plastique est plus dense et plus résistant. Il ne présente pas de danger connu en usage modéré, à condition que le contenant reste intact, propre, et qu’il ne soit jamais chauffé.

Code 3 : PVC (polychlorure de vinyle)

Utilisation recommandée : à éviter, notamment pour l’alimentaire

Rarement utilisé pour les bouteilles, le PVC peut néanmoins se retrouver dans certains contenants alimentaires ou jouets. Il est souvent associé à des composés tels que les phtalates ou le bisphénol A (BPA), aujourd’hui largement déconseillés, voire interdits dans l’alimentaire.

Code 4 : PEBD (polyéthylène basse densité)

Utilisation recommandée : sans danger identifié à ce jour

Ce plastique souple se retrouve dans les films alimentaires ou les sacs congélation. Il n’existe pas, à ce jour, de preuve scientifique solide indiquant une toxicité particulière dans le cadre d’un usage alimentaire à froid.

Code 5 : PP (polypropylène)

Utilisation recommandée : réutilisable, à condition d’éviter le chauffage

Souvent présent dans les boîtes alimentaires, les tasses pour enfants ou certaines gourdes sportives, le PP est l’un des plastiques les plus stables. Il résiste bien à la chaleur, mais lorsqu’il est combiné à certains additifs, le risque de migration de substances augmente. Son usage reste recommandé à froid uniquement.

Code 6 : PS (polystyrène)

Utilisation recommandée : non alimentaire

Utilisé dans certains gobelets jetables et barquettes, le polystyrène libère du styrène lorsqu’il est chauffé. Classé comme cancérigène possible, le styrène est également irritant pour les voies respiratoires. Ce plastique est à proscrire au contact d’aliments ou de boissons.

Code 7 : « Other » (autres plastiques, dont le Tritan)

Utilisation recommandée : dépend de la composition

Cette catégorie regroupe tous les plastiques hors catégories 1 à 6, y compris certains contenant du BPA, aujourd’hui interdit dans les contenants alimentaires en France. Des matériaux plus sûrs, comme le Tritan (sans BPA), sont autorisés et utilisés pour des contenants réutilisables de qualité.

Le vrai danger : les bactéries, plus encore que les substances chimiques

En matière de réutilisation, la contamination bactérienne est souvent plus problématique que le relargage chimique. À chaque contact avec la bouche, des bactéries s’introduisent dans la bouteille. Dans une étude menée par l’Université de Calgary (Canada), certaines bouteilles en plastique réutilisées présentaient jusqu’à 100 fois plus de bactéries que le seuil recommandé pour l’eau potable.

Ajoutons à cela la difficulté de bien nettoyer l’intérieur de ces bouteilles, surtout si elles présentent des rainures ou des zones difficilement accessibles, et le risque devient réel, en particulier chez les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées.

Micro-ondes et plastiques : un duo à éviter

Autre mise en garde importante : ne jamais chauffer vos aliments ou boissons dans du plastique au micro-ondes, quel que soit le type. Même les plastiques dits « micro-ondables » peuvent relarguer des composés toxiques sous l’effet combiné de la chaleur et des micro-ondes. Cette pratique reste vivement déconseillée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire).

D’ailleurs, la question des microplastiques et des substances chimiques migrées depuis les contenants plastiques est au cœur de plusieurs études récentes. Elles pointent notamment la présence inquiétante de ces contaminants dans l’eau embouteillée. Notre article dédié revient en détail sur ces découvertes et leurs implications pour la santé.

Que faut-il retenir ?

Code plastique Réutilisable ? Risques principaux

CodeTypeRéutilisable ?Risques principaux
1PET❌ NonMigration d’antimoine à la chaleur
2PEHD✅ OuiFaible risque si propre et intact
3PVC❌ NonContient souvent du BPA ou des phtalates
4PEBD✅ OuiPas de risques connus à ce jour
5PP✅ OuiÉviter le chauffage (additifs)
6PS❌ NonLibère du styrène (cancérogène)
7Autres⚠️ VariableSelon composition : vérifier absence de BPA

L’alternative recommandée : adopter une vraie bouteille réutilisable

L’investissement dans une bouteille conçue pour durer reste la solution la plus sûre. Qu’elle soit en verre, en inox ou en plastique de haute qualité sans BPA (comme le Tritan), une bouteille réutilisable permet de réduire les déchets tout en limitant les risques pour la santé.

En conclusion

Réutiliser une bouteille en plastique à usage unique, aussi anodin cela puisse-t-il paraître, comporte de véritables risques. Plastiques inadaptés, migrations chimiques, prolifération bactérienne : mieux vaut opter pour des contenants conçus pour la réutilisation. Pour la planète… et pour votre santé.

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