Suite à la liquidation de Brandt, dernier grand fabricant français d'électroménager, la région Centre-Val de Loire propose de reconvertir les usines en sites de fabrication de drones. Objectif : un nouveau projet industriel.
Au lendemain de la liquidation judiciaire de Brandt, qui a acté la disparition du dernier grand fabricant français de gros électroménager, les pouvoirs publics cherchent désormais à éviter que les sites industriels ne deviennent de simples friches. Alors que le gouvernement assure qu’il n’a pas dit son dernier mot après l’échec du projet de reprise en Scop, une nouvelle piste, radicalement différente, a été avancée par la région Centre-Val de Loire : la reconversion des usines de Brandt dans la fabrication de drones.
Une rupture assumée avec l’électroménager
Jeudi 12 décembre, le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a évoqué publiquement cette hypothèse, au lendemain du jugement prononçant la liquidation du groupe centenaire. Une perspective qui acte clairement la fin de toute activité liée à l’électroménager sur les sites d’Orléans et de Vendôme.
« Ce ne sera pas forcément dans le secteur de l’électroménager puisque pour Brandt, c’est fini », a confirmé l’entourage du ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin. L’objectif affiché est désormais d’identifier un nouveau projet industriel, capable de s’appuyer sur l’existant, sans chercher à prolonger artificiellement une activité jugée structurellement condamnée.
Des sites industriels encore exploitables
Pour François Bonneau, les deux sites de Brandt présentent encore de solides atouts. « Il y a là un patrimoine industriel qui est tout à fait intéressant », souligne-t-il, rappelant que les usines disposent toujours de machines, de lignes de production et de compétences techniques mobilisables.
La région Centre-Val de Loire, historiquement marquée par les industries de défense et d’armement, pourrait ainsi accueillir des activités de fabrication de drones, civiles ou militaires. Une piste exploratoire, mais révélatrice d’un changement complet de paradigme : il ne s’agit plus de sauver une marque, mais de reconvertir un outil industriel.
L’État maintient la pression politique
De son côté, le ministre délégué à l’Industrie a réaffirmé vendredi que le dossier Brandt ne serait pas refermé avec la liquidation. « Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt », a-t-il déclaré sur TF1, estimant qu’il existe encore une capacité à « imaginer un nouveau projet industriel » à partir des sites existants et des savoir-faire locaux.
Une position cohérente avec les déclarations faites dans les heures ayant suivi la décision du tribunal, lorsque le gouvernement insistait sur la nécessité de maintenir une activité économique, même sans lien avec l’électroménager.
La Scop définitivement écartée
Cette nouvelle orientation enterre de facto le projet de reprise en Scop, pourtant soutenu par l’État, les collectivités locales et plusieurs élus. Comme nous l’avions détaillé, 48 heures avant la décision cruciale, le gouvernement se disait encore prêt à injecter plusieurs millions d’euros pour tenter de sauver une partie des emplois.
Mais le tribunal des activités économiques de Nanterre n’a retenu aucune offre, estimant que les garanties financières et bancaires nécessaires à une relance durable n’étaient pas réunies. Près de 700 salariés se retrouvent aujourd’hui concernés par la liquidation.
Une reconversion encore très hypothétique
Si la piste des drones marque une volonté politique de ne pas abandonner les territoires concernés, elle reste à ce stade très théorique. Aucun calendrier, aucun industriel identifié, ni aucun volume d’emplois potentiellement recréés n’ont été avancés.
Le ministre des PME, Serge Papin, s’est néanmoins voulu prudent mais ouvert, estimant qu’« il reste encore une possibilité après la liquidation judiciaire », évoquant la nécessité de rebâtir « un autre projet, sérieux, avec davantage d’investisseurs privés ».
Une page industrielle définitivement tournée
Quelle que soit l’issue des discussions à venir, une certitude s’impose : Brandt ne produira plus d’électroménager en France. La reconversion envisagée, si elle voit le jour, marquera une rupture totale avec plus d’un siècle d’histoire industrielle, entamée en 1924.
Après le redressement judiciaire prononcé à l’automne, l’échec du projet de Scop et la liquidation, l’enjeu n’est désormais plus la survie d’un fleuron, mais la capacité des pouvoirs publics à transformer un échec industriel en nouveau départ économique pour les territoires concernés.
Source : LaNouvelleRépublique









