Brandt : l’État se dit prêt à sauver le fleuron français, 48 heures avant la décision cruciale

Par Marco Mosca

Publié le 02/12/2025 à 17:17

À 48 heures d’une audience décisive, l’État se dit prêt à injecter 5 millions d’euros pour soutenir un projet de reprise en Scop du groupe Brandt. En jeu ? le maintien de 300 emplois et la survie d’un fleuron du Made in France, au cœur d’un secteur électroménager en crise.

Brandt

L’avenir de Brandt, figure historique de l’électroménager français, se joue dans les prochaines heures. Placé en redressement judiciaire début octobre, le groupe pourrait bénéficier d’un soutien public décisif. Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, s’est effectivement dit prêt lundi 1er décembre à apporter 5 millions d’euros pour accompagner un projet de reprise en Scop — l’un des rares scénarios permettant de maintenir une partie substantielle de l’activité en France.

Un appel à l’engagement de l’Etat

Cette intention succède à un appel du président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, des élus locaux, parlementaires et représentants des collectivités à la puissance publique. « Nous demandons au premier ministre un engagement absolu de l’Etat aux côtés des collectivités : soutien aux repreneurs sérieux, mobilisation de tous les outils possibles, sécurisation des parcours des salariés », ont-ils réclamé dans un communiqué.

Selon les premières estimations, près de 300 emplois pourraient être sauvés sur les quelque 700 que compte Brandt dans l’Hexagone. Une perspective jugée réaliste mais exigeante, à deux jours d’une audience cruciale devant le tribunal des activités économiques de Nanterre.

Un projet soutenu par Revive et les élus locaux

Ce projet de coopérative est porté par des salariés et appuyé par le groupe Revive, dirigé par Cédric Meston, également cofondateur d’HappyVore. Revive dit venir « en soutien de la Scop », avec l’objectif de consolider une structure déjà encouragée par les élus locaux du Centre-Val de Loire.

Car Brandt n’est pas qu’une marque : ce sont deux usines — l’une près d’Orléans, l’autre à Vendôme — que la région souhaite absolument préserver. Son président, François Bonneau (PS), l’affirme : « C’est du Made in France, une industrie qu’on empêche de partir à l’autre bout du monde. C’est un combat ». La région se dit prête à apporter « des moyens financiers » pour éviter que ne disparaisse une production emblématique.

La seule piste préservant les usines françaises

Selon plusieurs sources concordantes, aucune autre offre déposée ne propose de conserver les deux sites industriels. Pour les syndicats, la Scop représente donc « la seule issue » viable.

Selon Cyril Aubert, secrétaire CFTC du CSE central, 20 millions d’euros seront nécessaires pour relancer durablement la production. La trésorerie est à sec : Brandt ne pourra plus payer les salaires après le 15 décembre.

Avant l’audience prévue mercredi, l’enjeu est désormais clair : convaincre des investisseurs privés de s’engager pour sécuriser la relance.

Un symbole industriel fragilisé par la crise du gros électroménager

La situation de Brandt s’inscrit dans une conjoncture plus large : le marché du gros électroménager peine à se redresser. ASelon les données NielsenIQ-GfK pour le Gifam, avec 14,5 millions d’appareils vendus et 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le gros électroménager a connu une baisse de -3,9 % en 2024 (vs 2023) en France.

Spécialisé dans la cuisson – fours et induction en particulier – Brandt produit environ 500 000 pièces par an, dont 70 % des ventes sont réalisées en France et 30 % en Europe. Son chiffre d’affaires atteint les 260 millions d’euros en 2025. Fondée en 1924, la marque centenaire fait face aujourd’hui à un défi crucial : trouver un repreneur capable de préserver son savoir-faire industriel et son ancrage hexagonal.

Un groupe historique en suspens

Brandt appartient depuis 2014 au groupe algérien Cevital, géant affichant 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 18 000 salariés. Lors du lancement de la procédure de redressement, début octobre, la direction se voulait pourtant optimiste. « Plusieurs pistes sérieuses » étaient évoquées pour relancer l’activité.

Mais à l’approche de l’audience de mercredi, le silence de la direction contraste avec l’urgence de la situation. Le sort d’une marque connue de 96 % des consommateurs se joue maintenant.

Source : Boursorama/AFP, Le Monde

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