Douze jours après la liquidation judiciaire de Brandt, un industriel français se positionne pour reprendre et réindustrialiser le site de Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans. Un projet présenté mercredi 24 décembre en mairie pourrait sauver une partie des emplois et des marques historiques du groupe.

Usine Brandt France après la liquidation judiciaire, site industriel susceptible d’être reconverti dans un nouveau projet de fabrication de drones
Les anciennes usines de Brandt, à Orléans et Vendôme, pourraient accueillir un nouveau projet industriel lié à la fabrication de drones, après la liquidation du groupe. © Labo Maison

🟠 Mise à jour – 24 décembre 2025 à 11h53 :
On connaît le nom de l’industriel français qui a déposé un projet de reprise mercredi 24 décembre. Il s’agit de Thomson Computing.

Douze jours après la liquidation judiciaire de Brandt, un rebondissement inattendu redonne de l’espoir aux salariés du site de Saint-Jean-de-la-Ruelle. La métropole d’Orléans a annoncé, mardi 23 décembre, qu’un industriel français portait un projet de reprise visant à réindustrialiser le site, préserver les marques historiques du groupe et réemployer une partie des salariés. Le projet a été officiellement présenté mercredi 24 décembre en mairie. Et il est porté par Thomson Computing, détenu par Stéphan Français, qui a relancé la production d’ordinateurs et d’autres produits informatiques après l’abandon de cette filière. Il pourrait sauver 150 emplois, sur les 350 du site.

« J’ai repris Thomson il y a 14 ans. Sur des valeurs de travail, d’innovation et maîtrise des coûts, on est devenus compétitifs face à des géants chinois et américains, comme Astérix et les Romains, a-t-il complété. Mon plan c’est de rassembler plusieurs corps électroniques dans l’usine de Brandt. Créer une synergie avec Metavisio Thomson et le savoir-faire de Brandt. Rassembler les dynamiques commerciales. Proposer des gains de produits plus larges », a déclaré Stephan Français.

Un « projet crédible et ambitieux », selon Orléans Métropole

Dans un communiqué diffusé mardi soir, Orléans Métropole évoquait effectivement un industriel « familier de ce groupe de marques » et disposant « d’une solide expérience nationale et internationale ». Sans dévoiler son identité à ce stade, la collectivité affirme que ce projet viserait à sauver le site industriel de Saint-Jean-de-la-Ruelle, au cœur de l’agglomération orléanaise.

Selon la métropole, des échanges sont en cours depuis une semaine entre le maire d’Orléans, Serge Grouard, et ce repreneur potentiel. Un point presse était donc prévu mercredi 24 décembre à 11 heures à l’hôtel de ville pour en dévoiler les contours.

Un site emblématique, frappé par la liquidation judiciaire

Le 11 décembre dernier, le tribunal des affaires économiques de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire de Brandt, fleuron centenaire de l’électroménager français, après avoir jugé insuffisamment solide le seul projet de reprise présenté. Cette décision a entraîné la fermeture des sites de Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) et de Saint-Ouen, près de Vendôme (Loir-et-Cher), ainsi que le licenciement de 450 salariés en Centre-Val de Loire.

Le groupe Brandt employait environ 700 personnes en France, dont 350 sur le site orléanais, directement concerné par le projet annoncé mardi.

Le projet de Scop écarté malgré le soutien des pouvoirs publics

Lors de l’audience du 3 décembre, les salariés avaient défendu un projet de Scop, soutenu par le groupe Revive, visant à sauver entre 300 et 380 emplois ainsi que les marques Vedette, Sauter et De Dietrich. L’État et les collectivités locales s’étaient dits prêts à mobiliser près de 20 millions d’euros, dont 15 millions portés par la métropole et la région, selon Serge Grouard.

Ce projet a finalement été rejeté par la justice, faute de garanties jugées suffisantes. Une décision qui avait suscité la colère du maire d’Orléans, dénonçant un processus dans lequel les collectivités locales auraient été tenues à l’écart, alors même qu’il n’aurait manqué, selon lui, qu’environ 4 millions d’euros pour boucler le plan de financement.

Prudence côté salariés et interrogations sur le périmètre du projet

Si l’annonce d’un potentiel repreneur redonne un peu d’espoir, les représentants syndicaux appellent à la prudence. « La liquidation est à peine prononcée, c’est soudain », confie Denis Bernier, délégué CFE-CGC du site de Saint-Jean-de-la-Ruelle, tout en reconnaissant que « tant mieux si c’est quelque chose ».

Le projet évoqué ne semblerait concerner que le site orléanais, et non celui de Saint-Ouen. Plusieurs élus régionaux plaident d’ailleurs pour une reconversion industrielle, y compris dans d’autres secteurs que l’électroménager, notamment l’industrie de la défense, afin de valoriser les compétences existantes.

L’État temporise, un appel d’offres attendu en janvier

Du côté de Bercy, le ministère de l’Économie indique « poursuivre ses consultations » avec les élus et les repreneurs potentiels, appelant à « ne pas se précipiter ». Un appel d’offres officiel pour la reprise du site devrait être lancé courant janvier, afin d’identifier le projet « le plus solide et le plus pérenne possible ».

Pour les salariés de Brandt, cette annonce de dernière minute ressemble à un espoir de Noël, fragile mais réel, dans un dossier industriel emblématique des difficultés de réindustrialisation en France.

Sources : FranceInfo, BFMTV.