Google étend son programme Gemini for Home au Canada, soit la première étape pour s'étendre dans le monde entier. Le support du français est programmé pour le début d'année 2026, avec une sortie probable en France. Sauf que voilà : les consommateurs ne sont pas intéressés par l'IA selon une étude de Vivint.

Google Gemini for Home
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Gemini for Home prépare une possible sortie en France. Mais est-ce que l’IA intéresse vraiment les utilisateurs en premier lieu ? Non, selon une étude de Vivint auprès de 5000 propriétaires étatsuniens qui nous montre un certain paradoxe.

L’IA figure en dernière position des critères d’achat pour des équipements de maison connectée, alors que Google ajoute Gemini aux forceps dans ses produits. Il n’y a que 12 % des sondés qui considèrent cette technologie comme une priorité. Bref, un gros décalage entre les ambitions de l’industrie et les vraies attentes des consommateurs.

Gemini for Home arrivera en France pour 2026

Anish Kattukaran, directeur produit de Google Home & Nest, a annoncé sur X que le programme d’accès anticipé à Gemini for Home s’ouvre désormais aux utilisateurs canadiens. Les heureux chanceux recevront leur invitation rapidement et les nouvelles inscriptions seront traitées sous quelques jours.

Quand tout est configuré dans l’application Google Home, les appareils connectés de la maison passent automatiquement sous Gemini. Mais cette transition est définitive. Les utilisateurs ne pourront pas revenir vers Google Assistant lorsque le changement aura lieu.

Une refonte majeure de l’expérience

Gemini for Home est une refonte majeure de l’expérience vocale sur les enceintes et écrans connectés Google. L’IA promet des interactions plus naturelles et contextuelles grâce à une meilleure compréhension du langage et du contexte. Les conversations se poursuivent plus naturellement avec un suivi pour ne pas constamment répéter le contexte à l’assistant.

Les fonctionnalités de base sont accessibles gratuitement mais des options payantes sont aussi facturées comme Gemini Live. Pour rappel, Gemini Live permet des conversations plus fluides et demande un abonnement Google Home Premium facturé 13 dollars par mois ou 26 dollars par mois pour la formule la plus haute.

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Le choix du Canada comme premier pays en dehors des frontières étatsuniennes n’a rien d’un hasard. Ce marché nord-américain ressemble beaucoup à celui des États-Unis en termes d’adoption de maisons connectées avec un terrain d’essai intéressant pour le multilinguisme. Ce sont environ 18 % des Canadiens qui sont capables de parler anglais et français et de nombreux foyers parlent les deux langues.

Si Gemini gère bien les accents régionaux, les expressions et le passage d’une langue à l’autre dans un foyer, ce sera un signal positif pour Google dans le cadre d’un déploiement à grande échelle. Notamment en Europe où les exigences du RGPD ajoutent des contraintes en plus.

Quelques ratés au démarrage

La transition ne s’est pas faite sans accrocs. Les premiers utilisateurs états-uniens ont signalé de nombreux ratés avec les appels, les commandes multimédia et certaines tâches courantes. Mais ces problèmes ne sont guère surprenants lorsqu’on passe de Google Assistant à Gemini qui est basé sur l’IA. Google prend note des retours de la communauté et continue d’améliorer sa copie.

Pour les tâches simples et rapides comme gérer un minuteur ou gérer les lumières, Google Assistant serait donc plus efficace et réactif que son successeur. Et c’est justement là que l’étude Vivint prend tout son sens.

Les consommateurs ne sont pas du tout intéressés par l’IA

Interrogés sur leurs priorités lors de l’achat d’appareils connectés, les propriétaires étatsuniens placent la facilité d’utilisation en tête avec 54 % des réponses. L’IA arrive en queue de peloton avec seulement 12 %. Un chiffre qui contraste avec tout le battage médiatique autour de cette technologie.

Le rapport de Vivint dresse un portrait nuancé de l’équipement dans les foyers étatsuniens. Alors oui, 85 % des propriétaires ont au moins un appareil connecté mais les taux d’adoption par catégorie sont modérés. Notons que 15 % des foyers sont sans le moindre appareil connecté. Pour eux, pas d’application à télécharger, pas d’alerte et pas question de renouveler son abonnement.

Les freins à l’adoption sont clairement établis par cette étude. Le coût arrive en première position avec 53 % des propriétaires qui estiment que la maison connectée reste trop chère. La complexité est aussi un obstacle pour 20 % des sondés qui parlent de « trop nombreuses applications ». 18 % déplorent quant à eux le manque de compatibilité entre les appareils.

Ces chiffres expliquent pourquoi 54 % des acheteurs placent la facilité d’utilisation comme critère numéro un. Plus de la moitié des consommateurs, 53 % plus exactement, appartiennent à la catégorie « montrez-moi d’abord ». Ils n’achèteront rien de nouveau tant que le produit n’aura pas fait ses preuves sur le marché.

Voici les principales demandes des consommateurs :

  • 54 % : facilité d’utilisation
  • 38 % : alertes et notifications en temps réel
  • 36 % : batterie de secours en cas de coupure de courant
  • 33 % : accès à distance et praticité
  • 33 % : contrôle vocal ou via une application
  • 29 % (millennials uniquement) : sécurité
  • 12 % : intégration de l’IA

Il y a aussi les préoccupations autour de la vie privée et de la cybersécurité puisque la moindre faille transforme votre maison connectée en piège. Selon une autre étude de Vivint, 60 % des propriétaires estiment que la confidentialité est la principale source d’inquiétude à propos de la maison connectée. Ensuite, on trouve les menaces de piratage pour 56 % des sondés, des menaces qui sont, rappelons-le, bien réelles.

Ces craintes sont d’autant plus légitimes que Google a récemment annoncé la suppression du contrôle à distance via l’application Google Home pour certains anciens thermostats Nest. Une décision qui fait craindre le pire aux consommateurs en termes de suivi logiciel.

Les utilisateurs préfèrent des appareils connectés optimaux au lieu de l’IA

William Stovall, vice-président de Vivint, tire une conclusion sans appel. Il faut pour les constructeurs proposer des appareils connectés qui communiquent entre eux pour un meilleur niveau de personnalisation, de commodité et d’accessibilité. Alors que les consommateurs recherchent fiabilité, sécurité et simplicité, l’industrie se tourne massivement vers l’IA et la complexité.

Google investit massivement pour remplacer Google Assistant par une IA générative capable de conversation naturelle et de compréhension contextuelle. Mais de l’autre, les consommateurs placent l’IA au dernier rang de leurs préoccupations. Les GAFAM sont convaincus que l’avenir de la maison connectée passe par l’IA conversationnelle alors que pour la majorité des utilisateurs, la priorité est juste que leurs appareils fonctionnent de manière fiable et s’intègrent parfaitement.

Rappelons que l’entreprise a repoussé à 2026 le remplacement total de Google Assistant par Gemini sur Android. Une reconnaissance implicite que la technologie n’est pas encore assez mature pour les tâches simples du quotidien alors que ce remplacement était prévu pour la fin d’année 2025.

Les 15 % de foyers qui ne souhaitent pas d’appareils connectés méritent aussi qu’on s’y attarde. Leur choix n’est pas nécessairement motivé par une sorte de technophobie. Beaucoup sont freinés par les coûts, les risques autour de la vie privée et d’autres ne sont tout simplement pas convaincus par la proposition actuelle. Tant que l’industrie continuera à privilégier les fonctionnalités clinquantes et non la fiabilité, cette population résistera à l’adoption.

Sources : Forbes, Android Police,