
Entre l’affaire Nestlé et la défiance croissante envers l’eau en bouteille, les filtres à eau connaissent un vrai succès. Mais entre carafes, filtres sur robinet et solutions « naturelles », leur efficacité reste très variable, surtout face aux polluants éternels (PFAS). On fait le point sur les chiffres, les technologies qui marchent, et celles à éviter.

Des tests qui bousculent les idées reçues
Une enquête publiée fin août par 60 Millions de consommateurs s’est penchée sur les principaux systèmes de filtration disponibles en France : carafes filtrantes, filtres à visser sur le robinet, bâtons de charbon, perles de céramique….
Le verdict ? Aucun filtre n’est capable de répondre à tous les enjeux sanitaires.
- Les carafes filtrantes (Brita, HydroPure…) améliorent nettement le goût en éliminant le chlore et retiennent partiellement certains pesticides. Mais elles échouent à filtrer les PFAS, ces polluants persistants surnommés « éternels ».
- Les filtres sur robinet affichent de meilleurs résultats en moyenne, mais tout dépend du modèle choisi. Certains réduisent bien les pesticides, d’autres beaucoup moins.
- Les dispositifs dits « naturels », comme les perles de céramique ou le charbon binchotan, se révèlent quasiment inefficaces.
En clair, les filtres à eau peuvent améliorer le goût et réduire certains polluants… mais ne constituent pas une réponse universelle.
PFAS : un vrai défi pour la filtration domestique
Les PFAS (per- et polyfluoroalkylés) sont au cœur des inquiétudes sanitaires : ce sont des molécules chimiques utilisées depuis les années 1950 (textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie…) et qui se dégradent très mal. On les retrouve désormais dans l’eau potable, y compris en France.
D’après l’EPA américaine et plusieurs études européennes, seules trois technologies se révèlent réellement efficaces contre une partie des PFAS :
- Charbon actif en grain (GAC) ;
- Résines échangeuses d’ions ;
- Osmose inverse (reverse osmosis).
Les carafes classiques n’ont pas été conçues pour ce type de contaminants. L’Anses recommande d’ailleurs de rester prudent, surtout en zones agricoles ou industrielles où les risques sont plus élevés.
À lire également : Pourquoi l’indépendance de l’Anses face aux pesticides inquiète.
Osmose inverse : la solution la plus efficace… mais pas sans limites
En France, on parle souvent d’« osmoseur » pour désigner ces appareils installés sous l’évier. Techniquement, ils fonctionnent par osmose inverse : l’eau traverse une membrane ultra-fine qui bloque une grande partie des métaux, pesticides et PFAS.
Points forts :
- Excellente capacité de filtration, y compris pour les polluants persistants.
- Amélioration notable du goût et de la pureté de l’eau.
Points faibles :
- Coût élevé : jusqu’à 500 € pour un modèle familial, sans compter les filtres à remplacer tous les 6 à 12 mois.
- Impact écologique : un osmoseur rejette une partie de l’eau. Les modèles anciens consomment de 3 à 5 litres pour produire 1 litre filtré, alors que les systèmes récents descendent parfois à 1:1.
- Astuce : il est possible de réutiliser l’eau rejetée (ménage, arrosage) pour limiter le gaspillage.
À lire également : Comment réduire les microplastiques dans l’eau potable avec une méthode simple et efficace.
L’entretien, un point crucial
Un filtre mal entretenu devient contre-productif. Quelques règles à retenir :
- Respecter scrupuleusement la fréquence de remplacement des cartouches et membranes.
- Pour les carafes filtrantes, conserver l’eau au réfrigérateur et nettoyer régulièrement, sous peine de transformer la carafe en « bouillon de culture ».
- Vérifier la certification du filtre choisi : les labels NSF/ANSI (53, 58, P473) sont les plus fiables pour les contaminants ciblés.
Faut-il vraiment filtrer l’eau du robinet ?
L’eau du robinet en France est généralement potable et contrôlée. L’installation d’un filtre répond à trois grands cas de figure :
- Améliorer le goût : une carafe ou un filtre robinet suffit.
- Réduire certains polluants courants (pesticides, métaux lourds) : un filtre robinet certifié et performant.
- Limiter l’exposition aux PFAS : un osmoseur (osmose inverse), malgré son coût et son empreinte hydrique.
À lire également : Polluants éternels (PFAS) : ces communes dont l’eau du robinet est contaminée.
Les conseils de LaboMaison
- Analyser son besoin : consultez les analyses locales d’eau (commune, ARS) pour cibler les risques.
- Privilégier les produits certifiés : un logo NSF/ANSI pertinent est un gage de sérieux.
- Ne pas céder aux solutions gadgets : perles ou bâtons « naturels » sont inefficaces.
- Anticiper le budget global : prix d’achat + entretien annuel.
- Penser écologique : choisir un osmoseur moderne à faible rejet et réutiliser l’eau perdue.
>> Maison : Retrouvez tous nos tests et fiches produits dans notre comparatif 2025
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